TAXES DES PAYS ÉTRANGERS sur
les LETTRES DE FRANCE

© Jean-Louis BOURGOUIN

 

PETITE PRÉSENTATION

 

     Jusqu'à la création de l'Union Générale des Postes an 1875, les relations postales entre la France et les pays étrangers étaient régies par des conventions postales bilatérales. En général ces conventions permettaient aux ressortissants des deux pays concernés d'affranchir leur courrier jusqu'à destination.
     Par contre, pour les pays n'ayant pas de convention de poste avec la France, il n'était possible, au mieux, que d'affranchir le courrier jusqu'à une limite définie : frontière, port d'entrée, port de débarquement (c'est le tarif
PP). Pour le reste du trajet, le destinataire devait payer une taxe que je qualifierais de "locale". Sauf cas particuliers, ces taxes sont mentionnées sur les lettres sous formes de tampons divers, ou de marques manuscrites.
     De nombreux pays n'eurent jamais de convention de poste avec la France jusqu'à leur adhésion à l'UGP (comme les pays d'Amérique latine), d'autres ne signèrent de convention que tardivement (comme le Portugal) et d'autres encore, eurent des périodes successives avec et sans convention avec la France (comme les États-unis). Il en résulte une multitude de taxes diverses présentes sur les nombreuses lettres affranchies à destination de ces pays.
     Dès que j'ai commencé à m'intéresser à l'histoire postale, j'ai été intrigué par ces mystérieuses taxes, dont on ne trouvait trace dans aucun ouvrage spécialisé. J'ai donc fait des recherches. Beaucoup plus ardues que je ne l'imaginais.
     Le montant de ces taxes étant évidemment du ressort de chaque pays de destination, sans l'aide précieuse d'experts de ces pays je n'aurais guère progressé. Qu'ils soient chaleureusement remerciés pour leurs connaissances et leur grande amabilité. Je les cite avec plaisir dans les pages concernées.
     Comme vous pourrez le constater il manque encore de nombreux pays. Mes recherches continuent donc, et je remercie d'avance tous ceux qui accepteront de m'apporter leur aide.
 

LES TARIFS POSTAUX ÉTRANGERS

 

     Evidemment, dans l'autre sens, les expéditeurs des pays étrangers n'avaient pas plus que les Français la possibilité d'affranchir leur courrier jusqu'à destination. En général, ils devaient affranchir leurs lettes jusqu'au port d'embarquement, soit en timbres, soit en numéraire. Le destinataire payait le reste du trajet, la taxe française étant toujours indiquée sur la lettre.
     J'ai essayé de vous donner quelques indications sur les tarif postaux appliqués dans chacun des pays concernés.

 

PORT PAYÉ (P.P. ou P.D.)

 

        Dans le service intérieur, l'expéditeur d'une lettre avait le choix entre : payer le port jusqu'à destination, ou laisser celui-ci à la charge du destinataire. Le tarif à payer était le même. Lorsque l'expéditeur choisissait de payer l'affranchissement jusqu'à destination,  l'agent des postes apposait sur la lettre une griffe rouge P.P. (Port Payé). Celle-ci disparaîtra le 1er janvier 1849, avec l'introduction du timbre-poste.
        En effet, à partir du 1er janvier 1849, l'affranchissement est matérialisé par des timbres-poste, sans autre indication.
        Sauf pour l'étranger. Lorsque une lettre est correctement affranchie, elle est accompagnée de l'ancienne griffe rouge
P.P., puis progressivement de la nouvelle griffe rouge P.D. (Payé Destination), au fur et à mesure du renouvellement des conventions de poste (que l'affranchissement paie le port jusqu'à destination ou jusqu'à une limite définie, port de débarquement, par exemple).
        Par une malencontreuse initiative, à partir de fin 1854, la griffe rouge
P.P. (Payé Port de débarquement) commence à être utilisée spécifiquement pour les pays étrangers (par la voie d'Angleterre) à destination desquels l'affranchissement n'était possible que jusqu'au port de débarquement. Il en a résulté quelques confusions jusqu'en 1857. En particulier pour les pays d'Amérique.
        La circulaire n° 29 (Bulletin Mensuel n° 14, d'octobre 1856), adressée à tous les bureaux de poste, met définitivement les choses au point :
 " - Le timbre
P.D. doit être apposé sur les lettres affranchies jusqu'à destination,
   - Le timbre
P.F. n'est applicable que sur les lettres affranchies pour la Pologne, la Russie méridionale, les îles Ioniennes, la Grèce et les duchés de Parme, de Plaisance et de Modène, que les envoyeurs veulent faire diriger par la voie d'Autriche, et aux lettres pour la Norvège (par les postes de la Tour et Taxis et de Danemark) affranchies jusqu'à Hambourg.
   - Quant au timbre
P.P., il doit être apposé sur toute lettre régulièrement affranchie pour l'extérieur, à laquelle le timbre P.D. ou le timbre P.F. n'est pas applicable."
 
        Pour plus d'informations, voir l'article de Robert Abensur dans Documents Philatéliques n°199.


 

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