TARIFS D’AFFRANCHISSEMENT

pour les pays d'outremer sans distinction de parages,

par la voie d'ANGLETERRE

© Jean-Louis BOURGOUIN

    Au milieu du 19ème siècle, la marine anglaise, militaire ou commerciale, est la plus puissante du monde. Ses navires assurent depuis Liverpool ou Southampton des liaisons régulières avec tous les ports de la planète. L'Office des Postes britanniques peut donc desservir une vaste palette de pays des cinq continents. Ce rayonnement lui permet de transporter pour le compte des autres administrations postales d'Europe le courrier à destination des pays d'outremer. C'est le cas pour l'Administration des Postes française. C'est ce qu'on appelle la "voie d'Angleterre" lorsque le courrier transite par Londres, ou la "voie anglaise" lorsque le courrier embarque sur un paquebot anglais en escale dans un port français (Marseille par exemple).
          En ce qui concerne la voie d'Angleterre sans distinction de parages, c'est la convention de poste du 3 avril 1843, entre la France et l'Angleterre, qui définit les modalités de ce transport, en particulier dans son article 52 :
    "L'Office des Postes de France payera à l'Office des Postes de la Grande-Bretagne et d'Irlande un prix uniforme de trois schellings et quatre pence* par once Britannique, poids net, pour prix de transit sur le territoire du Royaume-Uni et pour le port de voie de mer des lettres affranchies, destinées pour les colonies et pays d'outre-mer, sans distinction de parages, qui seront livrées par l'Office des Postes de France à l'Office des Postes Britanniques, pour être transportées, soit par des bâtiments du commerce, soit par des bâtiments de l'État, ou frétés ou entretenus pour le compte de l'État, partant des ports du Royaume-Uni... Il est toutefois entendu que, dans le prix ci-dessus... n'est pas comprise la taxe dont ces lettres seront passibles à raison de leur parcours dans l'intérieur desdites colonies et pays d'outre-mer..."
          Comme on peut le constater, les négociateurs de cette Convention ne font aucune distinction entre la voie des bâtiments du commerce et celle des bâtiments de l'État. En particulier le prix est identique.
          Ni les articles additionnels, ni la convention de poste du 24 septembre 1856, ne modifieront ces modalités, jusqu'à l'adhésion de la France à l'Union Générale des Postes, le 1er janvier 1876. Seul le prix du transit (1,60 F à partir du 1er janvier 1857) et le tarif postal français varieront.

    
*1 penny = 10 centimes (3 shillings et 4 pence = 4 francs).

 

VOIE D'ANGLETERRE
et des
PAQUEBOTS-POSTE ANGLAIS

 

     Ce tarif ne concerne que les lettres à destination (ou en provenance) des colonies et pays d'outremer, sans distinction de parages, n'ayant pas de convention de poste avec la Grande-Bretagne (ou la France), expédiées par la voie d'Angleterre et des paquebots-poste britanniques. L'affranchissement obligatoire ne paye que le trajet jusqu'au port de débarquement. Le destinataire doit payer la taxe intérieure du pays de destination.
     Pour de nombreux pays il existait une convention postale spécifique entre la France et l'Angleterre ; vous trouverez les tarifs postaux correspondant dans la fiche des pays concernés. Dans le cas contraire, ce sont les tarifs ci-dessous qui s'appliquent :

France → Colonies et Pays d'Outremer (PP) :

     Au 1er janvier 1849, le tarif d'affranchissement des lettres est la somme de la taxe territoriale du 1er janvier 1828 (calculée en fonction de la distance entre le bureau d'expédition et le port de Boulogne) et de la taxe pour le transport anglais de 1,00 F par tranche de 7,5 grammes.

France → Colonies et Pays d'Outremer (PP) :

Poids

Affranchie

 

     Tarif du 1er août 1849 7,5 g. 1,50 F  
     Tarif du 1er janvier 1857 7,5 g.   80 c.  
     Tarif du 1er janvier 1866 10 g.   80 c.  
     Tarif du 1er juillet 1871 10 g. 1,00 F  
     Tarif du 1er janvier 1876 15 g. 1,00 F  

 

      A partir de 1857, les lettres voyageant dans le cadre de ce tarif portent toujours la griffe encadrée (généralement rouge) P.P., ainsi que le cachet à date rouge de transit "LONDON PAID". Normalement, elles devraient être taxées à l'arrivée. Mais, la taxe est souvent absente.

 

Tarif du 1er janvier 1857
LETTRE 1er ÉCHELON (jusqu'à 7,5 g.)
Affranchissement à 80 c.

     Jusqu'au 31 août 1866, La France et l'Angleterre n'eurent pas de convention postale avec le Portugal. Cette lettre, postée à Paris le 23 mars 1860, a emprunté la voie d'Angleterre pour aller à Lisbonne. On retrouve bien l'affranchissement à 80 c, la griffe encadrée P.P., le cachet à date rouge "LONDON PAID", ainsi que la taxe portugaise 80 (reis).

 

***

Colonies et Pays d'Outremer* → France (non affranchie) :

     A partir 1er juin 1843, le tarif des taxes applicables au lettres non affranchies est la somme de la taxe territoriale du 1er janvier 1828 (calculée en fonction de la distance entre le port d'entrée en France et le bureau de destination) et de la taxe pour le port anglais de 1,00 F par tranche de 7,5 grammes.

Colonies et Pays d'Outremer* → France (non affranchie) :

Poids

Taxe française

 

     Tarif du 1er août 1849 7,5 g. 1,50 F  
     Tarif du 1er janvier 1857 7,5 g.   80 c.  
     Tarif du 1er janvier 1866 10 g. 1,00 F  
     Tarif du 1er juillet 1871 10 g. 1,20 F  
     Tarif du 1er janvier 1876 15 g. 1,20 F  
     Tarif du 1er janvier 1876 15 g. 1,00 F  

 

     *Normalement, la lettre doit être affranchie pour le port local du pays de départ, sauf si elle est remise directement à la boîte du paquebot.

Tarif du 1er août 1849
LETTRE 2ème ÉCHELON (de 7,5 à 15 g.)
Affranchissement à 3 reales + Taxe 30 décimes

     L'expéditeur de cette lettre, postée au Mexique, a payé 3 reales pour le trajet jusqu'au port d'embarquement (inscription "3"au tampon). Elle a transité par Londres le 20 décembre 1852, où l'Office des Postes britannique a apposé la marque d'échange COLONIES/&c.ART. 13. Elle est entrée en France par Calais le 21 décembre, elle a transité par Paris le 21 décembre, et elle est arrivée à Nantes le 22 décembre 1852, où le destinataire a payé la taxe de 3,00 F.

 

VOIE des BÂTIMENTS du COMMERCE PARTANT des PORTS ANGLAIS

 

      Cf. Documents Philatéliques n°204 "Les bâtiments du commerce partant d'un port anglais" de J. L. Bourgouin.

 

     Ce tarif concerne les colonies et pays d'outremer, sans distinction de parages, desservis par les bâtiments du commerce anglais. L'affranchissement obligatoire ne payait que le trajet jusqu'au port de débarquement. Le destinataire devait payer la taxe intérieure du pays de destination.
    
Il ne se distingue du tarif ci-dessus que pour les pays ayant une convention de poste avec la Grande-Bretagne (ou la France). Voir exemple ci-dessous.

 

France → Colonies et Pays d'Outremer (PP) :

     Au 1er janvier 1849, le tarif d'affranchissement des lettres est la somme de la taxe territoriale du 1er janvier 1828 (calculée en fonction de la distance entre le bureau d'expédition et le port de Boulogne) et de la taxe pour le transport anglais de 1,00 F par tranche de 7,5 grammes.

France → Colonies et Pays d'Outremer (PP) :

Poids

Affranchie

 

     Tarif du 1er août 1849 7,5 g. 1,50 F  
     Tarif du 1er janvier 1857 7,5 g.   80 c.  
     Tarif du 1er janvier 1866 10 g.   80 c.  
     Tarif du 1er juillet 1871 10 g. 1,00 F  

 

      A partir de 1857, les lettres voyageant dans le cadre de ce tarif portent toujours la griffe encadrée (généralement rouge) P.P., ainsi que le cachet à date rouge de transit "LONDON PAID". Normalement, elles devaient être taxées à l'arrivée.

 

Tarif du 1er juillet 1871
LETTRE 1er ÉCHELON (jusqu'à 10 g.)
Affranchissement à 1,00 F

     Depuis le 1er octobre 1860, La France avait une convention de poste avec le Brésil. Néanmoins, cette lettre, postée au Havre le 26 juin 1873, a emprunté la voie d'Angleterre et des bâtiment du commerce partant d'un port anglais. Elle a transité par Liverpool le 28 juin où elle a embarqué sur le steamer "Lalande" de la "Lamport & Holt Line". Elle est arrivée à Pernambuco le 29 juillet 1873. On retrouve bien l'affranchissement à 1,00 F, la griffe encadrée P.P., le cachet à date rouge "LONDON PAID", ainsi que la taxe brésilienne 240 (reis).

 

***

Colonies et Pays d'Outremer* → France (non affranchie) :

     A partir 1er juin 1843, le tarif des taxes applicables au lettres non affranchies est la somme de la taxe territoriale du 1er janvier 1828 (calculée en fonction de la distance entre le port d'entrée en France et le bureau de destination) et de la taxe pour le port anglais de 1,00 F par tranche de 7,5 grammes.

Colonies et Pays d'Outremer* → France (non affranchie) :

Poids

Taxe française

 

     Tarif du 1er août 1849 7,5 g. 1,50 F  
     Tarif du 1er janvier 1857 7,5 g.   80 c.  
     Tarif du 1er janvier 1866 10 g. 1,00 F  
     Tarif du 1er juillet 1871 10 g. 1,20 F  
     Tarif du 1er janvier 1876 15 g. 1,20 F  

 

     *Normalement, la lettre doit être affranchie pour le port local du pays de départ, sauf si elle est remise directement au capitaine du bateau.

 

TARIF dans l'UNION GÉNÉRALE des POSTES
à partir du 1er janvier 1876

 

     A partir du 1er janvier 1876, les tarifs postaux à l'intérieur de l'Union sont indépendants de la voie utilisée.

 

     A la suite de demandes de renseignements qui lui ont été adressées par diverses maisons de commerce, l'Administration s'est préoccupée de savoir si des lettres pouvaient être adressées de France dans les pays composant le territoire de l'Union générale des postes (États-Unis, Espagne, Portugal, Malte, Gibraltar, Norvège, Islande, Canaries, etc...). par la voie des bâtiments du commerce partant des ports d'Angleterre, et quel était le tarif applicable aux lettres transmises par cette voie. Il résulte des communications échangées à ce sujet avec l'Office britannique que toute lettre pour le territoire de l'Union, désignée par l'envoyeur comme devant emprunter l'intermédiaire d'un bâtiment du commerce partant d'un port anglais, peut être acheminée conformément au gré de l'expéditeur, à la condition de porter la mention : par le (nom du bâtiment) partant de  (nom du port d'embarquement), ou celle : par voie d'Angleterre et des bâtiments du commerce, ou toute autre indication analogue. Les lettres ainsi désignées sont passibles des mêmes taxes et restent soumises aux mêmes conditions d'envoi que celles qui sont acheminées au moyen des services réguliers. (B. M. n° 85 supplémentaire d'avril 1876).


 

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